Au bon plaisir de Dieu
Sylvain Detoc, Au bon plaisir de Dieu, Éditions du Cerf, 2025, 216 pages, 20€
« Et Dieu vit que cela était bon. » tout le monde connaît ce refrain du livre de la Genèse, et pourtant peu semblent en tirer toutes les conséquences.
C’est avec beaucoup d’humour, d’érudition discrète, mais surtout avec une grande profondeur que Sylvain Détoc, Dominicain, nous dévoile un aspect souvent méconnu de la foi chrétienne : l’Évangile du bien-être.
L’Évangile, c’est la bonne nouvelle qui nous sauve, qui nous fait du bien, parce qu’elle est envoyée par quelqu’un qui nous veut du bien. Quelqu’un qui veut notre bonheur: Dieu !
C’est à cette hauteur que se place le bien-être chrétien. On est bien loin du développement personnel, dont les livres pullulent dans les rayons de nos librairies.
Voilà un pas de côté qui fait du bien ! Tout en visant haut, ce livre passe en revue les aspects les plus concrets de notre vie humaine, même les moins nobles, qui sont appelés au bonheur, au bien-être.
« Le bien-être n’est pas un sujet aussi léger qu’il y paraît. C’est–et à double–un autre nom de Dieu.
Primo, toute une ligne théologique, qui part de la révélation au buisson ardent, identifie Dieu à l’Être. « Je suis celui qui est », dit Dieu à Moïse quand ce dernier lui demande son nom (Exode 3,14). […]
Secundo, Dieuva bien ! Il est « bienheureux »! Il est le « Souverain Bien », enseigne St Augustin. […] Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « le Bon Dieu »! »
Ainsi, à partir d’un sujet éminemment théologique, Sylvain Détoc réussi avec brio à nous faire comprendre que pour les amis de Dieu, il n’y a pas de mal à se faire du bien ! Et parce que notre religion est la religion de l’incarnation, notre corps a toute sa place.
Ainsi, en trois chapitres, le livre aborde la question du soin que Dieu apporte certes aux malades, mais également à chacun de ses enfants. On y découvre alors que l’Évangile : ça donne bonne mine ! On peut ainsi relire l’écriture et la tradition de l’église en y trouvant quelques indices d’une cosmétique spirituelle, qui rejaillit sur nos corps. En effet, le baptisé est tout de même disciple du plus beau des enfants de l’homme. On y découvre que les saints ont, comme St Dominique, un charme fou, ou comme St polycarpe, un beau visage. Sans oublier le joli sourire et la belle prestance de Saint Antoine du désert, pourtant trop souvent décrit comme un austère personnage.
« Le Verbe s’est fait chair (Jn 1,14). Une chair pleine, entière, avec de belles dents, de beaux yeux, et tout le reste ! »
Si la foi rend beau et favorise le véritable bien-être, il faut cependant faire attention aux moyens à employer. En effet, le catholicisme souffre des restes de l’affreux jansénisme qui sévit encore. Et le Chrétien, pense qu’il faut parfois s’anéantir soi-même et promouvoir la compression du corps et l’extinction du désir pour être parfait. Or, être parfait, du latin perfectus, cela veut dire être accompli. L’accomplissement de soi n’est donc pas étranger à l’Évangile ! Mais pour viser une fin bonne, il faut employer des moyens bon. Il faut ainsi détoxifier la foi, précisément en prenant soin de son corps. Et encore une fois, les premiers chrétiens ont un témoignage très éclairant. L’austère Tertullien de Carthage, il y a de cela 1800 ans, allait aux thermes chaque jour. St Jean-Paul II fit installer une piscine dans sa résidence d’été. Quant à Saint-Thomas d’Aquin, au Moyen Âge, il conseillait de chasser la tristesse en se faisant plaisir, et pourquoi pas en faisant une bonne sieste ! En effet l’évangile, nous parle aussi de notre rythme de vie, et de notre rythme de sommeil. « Entrons dans le repos de Dieu » est le titre du dernier chapitre de ce livre, étonnant et pourtant si concret.
À lire de toute urgence pour éviter la dépression hivernale et traverser l’hiver avec une bonne cure de vitamines évangéliques !
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/21070/Au-bon-plaisir-de-Dieu
